Lhomme qui voulait être heureux pan Laurent Gounelle. Caractéristiques. L'homme qui voulait être heureux; Laurent Gounelle; Nb. de pages: 258; Format: Pdf, ePub, MOBI, FB2; ISBN: 9782738226204; Editeur: Succès du livre; Date de parution: 2010; Télécharger eBook gratuit. Téléchargement gratuit j2me book L'homme qui voulait être
– S'ils vous aiment, que croyez-vous qu'ils préféreront que voussoyez un enseignant malheureux ou un photographe épanoui ?– Vu comme ça ...– C'est comme ça qu'il faut le voir si on aime les gens seulementquand ils se comportent conformément à nos idéaux, ce n'est pas del'amour. .. C'est pour cela que je crois que vous n'avez rien à craindrede la part de ceux qui vous aiment. Même au sein d'une familleaimante, chacun doit vivre sa vie. C'est bien de prendre enconsidération les effets de ce que l'on fait sur les autres afin de nepas leur nuire, en revanche, on ne peut pas toujours tenir compte deleurs souhaits, et encore moins de la façon dont ils vont apprécier vosactions. Chacun est responsable de sa propre appréciation. Vousn'êtes pas responsable des opinions d' avait sans doute raison, mais quelque chose continuait de megêner.– En fait, je me demande dans quelle mesure ma famille ne m'a pascontaminé» même si ce projet m'enthousiasme, je ne suis pascomplètement à l'aise avec le fait de quitter le camp des scientifiquespour rejoindre celui des artistes !– Je pense qu'il est inopportun de raisonner en termes de camps, etplus encore en termes d'appartenance à un camp. Il ne s'agit paspour vous de quitter un camp pour en rejoindre un autre, mais justede réaliser un projet qui vous tient à demeurai pensif, certes assez touché par ses paroles, mais je croisqu'il sentit que je restais quand même un peu bloqué par la situation.– Venez avec moi, dit-il en se levant lentement. À la façon dont ilbougea, je pris conscience, pour la première fois, de son grand âge, une impression qui disparaissait quand il s'exprimait, tant il maniait leverbe avec précision et me levai à mon tour et le suivis. Il contourna les différents édificesqui constituaient le campan, puis emprunta un sentier qui serpentaitdans la végétation, une végétation tellement dense que l'on nepouvait distinguer les contours du jardin. Nous marchâmes plusieursminutes en silence, l'un derrière l'autre, puis le chemin s'élargit et jem'avançai à sa hauteur. De minuscules parcelles étaient cultivées çàet là, soigneusement entretenues probablement des plantesmédicinales, certaines offrant de microscopiques fleurs jaunes oubleues. Après avoir traversé un taillis de bambous géants et touffus àla senteur verte, nous plongeant dans la pénombre et nousenveloppant d'une humidité moite, le sentier déboucha brutalementsur une corniche surplombant vertigineusement la vallée. Je savaisque le village était juché sur une hauteur, mais j'étais loin dem'imaginer que le fond du jardin de maître Samtyang dominait à cepoint la vallée qui s'étendait sur des •kilomètres, deux ou trois centsmètres en contrebas. Cette vue plongeante et aérienne – nous étionscomme suspendus au-dessus du vide contrastait fortement avec lereste du jardin, où la densité de la végétation empêchait toutevisibilité dégagée. Nous nous assîmes côte à côte sur un rocher, lespieds ballants dans le vide, et restâmes silencieux plusieurs minutes,contemplant ce paysage grandiose qui me faisait me sentir tout le guérisseur qui finit par rompre le silence de sa voix posée etbienveillante.– Que voyez-vous dans les rizières ?On apercevait au loin, tout en bas, des dizaines de paysans, les piedsdans l'eau jusqu'à mi-mollet, le dos courbé et les mains tendues versles plants de riz. – Je vois un ensemble de travailleurs s'activant dans les champs.– Non, pas un ensemble de travailleurs.– Un groupe de paysans, si vous préférez.– Non, ni un ensemble, ni un voilà qu'il joue sur les mots, me dis-je.– Savez-vous, reprit-il, combien il y a d'êtres humains sur Terre ?– Entre six et sept milliards.– Et savez-vous de combien de gènes est constitué chaque êtrehumain ?– Je ne sais pas, quelques milliers ?– Un peu moins de trente mille. Et parmi les six milliards d'êtreshumains, il n'yen a pas deux qui rassemblent les mêmes gènes. Pasdeux ! Vous vous rendez compte ? Sur six milliards d'êtres humains, iln'yen a pas deux qui soient identiques !– Oui, chacun de nous est unique.– Exactement ! Et même si certains pratiquent le même métier, aumême endroit, au même moment, on ne peut les considérer commeun groupe ni un ensemble, parce que, quels que soient les pointsqu'ils peuvent avoir en commun, il y aura toujours plus d'élémentsqui les différencient que de points communs liés à leur métier !– Je comprends ce que vous voulez dire.– On a parfois tendance à raisonner par catégories, à considérer lesgens comme s'ils étaient tous pareils au sein d'une catégorie, alorsqu'en fait, dans ce champ en bas, il y a plusieurs dizaines depersonnes ayant chacune une identité propre, une histoire propre, une personnalité spécifique, des goûts particuliers. Plus de la moitiéd'entre elles vivent au village, et je les connais. Rien que du point devue de leur motivation à faire ce travail, il existe des différences. L'unle fait parce qu'il aime être au contact de l'eau, alors que son voisin,lui, n'a pas le choix, un troisième le fait parce que cela lui rapporte unpeu plus que son ancien métier, et un quatrième pour aider son cinquième parce qu'il aime prendre soin des plants et les voirpousser. Le sixième exerce ce métier parce que c'est la tradition danssa famille et qu'il ne lui est pas venu à l'esprit de faire autre chose.» Quand on raisonne par groupes, par ensembles, par camps, on faitabstraction des particularités, de la valeur et de l'apport de chaqueindividu, et on tombe facilement dans le simplisme et lagénéralisation. On parle des travailleurs, des fonctionnaires, desscientifiques, des paysans, des artistes, des immigrés, des bourgeois,des femmes au foyer. On bâtit des théories qui servent noscroyances. Et non seulement la plupart de ces théories sont fausses,mais elles poussent les gens à devenir ce que la théorie dit qu'ils sont.– Je comprends.– On fait un grand pas dans la vie quand on cesse de généraliser cequi concerne les autres, et que l'on considère chacunindividuellement, même s'il fait de toute façon partie d'un tout qui ledépasse, l'humanité et, même au-delà, l' regardai au loin la vallée qui s'étendait sur des kilomètres. En facede nous, de l'autre côté du vide, le relief offrait une autre colline,presque une montagne, qui s'élevait à peu près aussi haut que lanôtre, séparée par plusieurs centaines de mètres, formant ainsicomme un immense canyon au fond duquel se perdait la nuages étaient plus bas que nous, tandis que d'autres noussurplombaient, nous donnant l'impression de flotter entre deux mondes. Un léger souffle continu rendait la chaleur agréable, et nousapportait par vagues des effluves, senteurs lointaines que je n'auraissu identifier.– Bon, revenons à nos moutons, dit-il.– S'il te plaît, dessine-m'en un.– Pardon !– Non, rien, je plaisantais ...– En réalisant votre projet, puisqu'il vous tient à cœur, vous nerejoindrez pas une catégorie de gens, vous serez juste vous-même,exprimant vos talents, en accord avec vos valeurs.– C'est vrai, je dois garder ça à l'esprit.– Oui.– Vous savez, j'ai déjà un peu parlé de ce projetà deux personnes de mon entourage, et je dois dire qu'elles m'ont unpeu refroidi.– Pourquoi ?– L'une m'a dit que la profession était sûrement fermée et que jen'arriverais pas à y faire ma place en débarquant comme ça, sansdiplômes ni relations. L'autre m'a objecté qu'on ne montait pas cegenre d'activité du jour au lendemain en démarrant sans clientèle, etque je n'avais pratiquement aucune chance de réussir.– Toutes les personnes qui ont l'idée d'un projet rencontrent ceproblème.– C'est-à-dire ? – Quand vous parlez d'un projet autour de vous, vous recevez troistypes de réactions les neutres, les réactions d'encouragement et lesréactions négatives qui tendent à vous faire renoncer.– C'est clair ...– Il faut à tout prix vous éloigner des personnes dont vous sentezqu'elles pourraient vous décourager. En tout cas, ne leur confiez pasvos projets.– Oui, mais, d'un certain côté, cela peut être utile que des gens vousouvrent les yeux si vous faites fausse route.– Pour cela, adressez-vous uniquement à des connaisseurs dans ledomaine qui vous intéresse. Mais il ne faut pas vous confier auxpersonnes qui chercheraient à vous décourager juste pour répondreà leurs propres besoins psychologiques. Par exemple, il y a des gensqui se sentent mieux quand vous allez mal, et qui font donc tout pourque vous n'alliez pas mieux ! Ou d'autres qui détesteraient vous voirréaliser vos rêves car cela leur rappellerait leur absence de couragepour réaliser les leurs. Il existe aussi des gens qui se sentent valoriséspar vos difficultés parce que cela leur donne l'occasion de vous ce cas, les projets qui viennent de vous leur coupent l'herbesous le pied, et ils feront ce qu'ils peuvent pour vous en né sert à rien de leur en vouloir car ils font cela il est préférable de ne pas leur confier vos plans. Ils vousferaient perdre votre confiance en vous. Vous vous souvenez qu'hiernous avons parlé du bébé qui apprend à marcher et ne se découragejamais, malgré ses échecs à répétition ?– Oui.– S'il persévère et finit par réussir, c'est notamment parce que aucunparent au monde ne doute de la capacité de son enfant à marcher, et aucune personne au monde ne va le décourager dans ses qu'une fois adulte, nombreux seront les gens qui vont ledissuader de réaliser ses rêves.– C'est sûr...– C'est pour cela qu'il convient de vous éloigner de ces personnes-làou de ne pas leur parler de vos projets. Sinon, vous rejoindrez lesmillions de gens qui n'ont pas la vie qu'ils désiraient.– Je comprends.– En revanche, il est très positif d'avoir dans votre entourage une oudeux personnes qui croient en vous.– Qui croient en moi ?– Quand on se lance dans un projet qui représente un certain enjeu,par exemple quand on aspire à changer de métier, on passeforcément par des hauts et des bas. On y croit, on en a envie, et puis,d'un seul coup, on a des doutes, on n'y croit plus, on ne se sent pluscapable, on a peur du changement, de l'inconnu. Si l'on est seul dansces moments-là, il y a de fortes chances que l'on renonce, que l'onabandonne. S'il y a dans votre entourage une personne qui croit envous, qui croit en votre capacité de réussir votre projet et vous le faitsentir quand vous la voyez, cela balayera vos doutes, et vos peurs§'effaceront comme par magie. La confiance en vous que cettepersonne vous témoignera sera contagieuse. Elle vous insufflera laforce de réussir et vous donnera l'énergie de déplacer desmontagnes. On est quinze fois plus fort quand on n'est plus seul avecson projet. Mais comprenez-moi bien il n'est pas nécessaire quecette personne vous aide ou vous donne des conseils. Non, ce quicompte avant tout, c'est juste qu'elle croie en vous. D'ailleurs, vous seriez surpris de connaître le nombre de gens célèbres qui ontbénéficié d'un tel soutien initial.– Je ne suis pas sûr d'avoir une personne comme ça sous la main ...– Dans ce cas, pensez à quelqu'un de plus éloigné, peut-être un aïeulou un ami d'enfance, même si vous ne le voyez pas souvent. Sivraiment vous ne trouvez pas, vous pouvez aussi penser à unepersonne disparue, qui vous a aimé de son vivant. Pensez à elle etdites-vous Je sais que là où elle est, si elle me voit monter ceprojet, elle croit en moi.» Dès que vous avez des doutes, pensez à elleet voyez-la vous encourager car elle sait que vous allez réussir.– Alors je choisirai ma grand-mère. J'ai toujours vu dans son regardqu'elle était fière de moi. Quand il m'arrivait d'avoir de mauvaisesnotes à l'école, mes parents me réprimandaient, mais elle, elle medisait C'est pas grave, je sais que tu auras une bonne note laprochaine fois. »– C'est une bonne illustration. Il y a aussi des gens qui croient en Dieuet obtiennent de lui la force d'agir. Napoléon était, quant à lui,convaincu qu'il avait une bonne étoile. Lors de la plupart de sesbatailles, même lorsqu'elles étaient mal engagées, il restait persuadéqu'il gagnerait, avec l'aide de cette bonne étoile. Cela l'aénormément stimulé et lui a fourni un courage souvent déterminant.– Quand j'étais petit, j'avais une amie qui adorait son chat, elle disaitqu'elle voyait dans son regard qu'il la soutenait en toutescirconstances. Ses parents étaient sévères et froids. Lorsqu'elle avaitdu chagrin, ils n'étaient pas du genre à la consoler. Alors elle allaitvoir son chat, le caressait et lui racontait ses malheurs. Lui laregardait dans les yeux en ronronnant, de son regard profond etbienveillant, et il lui redonnait confiance en elle. – C'est très possible. Un animal a souvent un amour inconditionnelpour son maître, et cet amour peut le porter considérablement. Voussavez, on commence à mener des recherches scientifiques surl'amour, et on découvre des choses extraordinaires. Dans uneuniversité américaine, des chercheurs qui cultivaient des cellulescancéreuses dans une boîte de Petri ont eu l'idée de faire venir desétudiants – aux États-Unis, ceux-ci servent souvent de cobayes – dansleur laboratoire. Ils les ont rassemblés autour de la boîte et leur ontdemandé d' envoyer de l'amour» aux cellules cancéreuses. Lesétudiants l'ont fait, et les chercheurs ont mesuré scientifiquementque les cellules cancéreuses régressaient. Ils n'ont pas été capablesd'expliquer ce phénomène, pas plus d'ailleurs qu'ils ne peuvent direcomment, concrètement, les étudiants font pour envoyer del'amour », mais le résultat est là, indiscutable les cellules ontrégressé.– C'est fou.– Oui, l'amour a sans aucun doute de nombreux effets que l'oncommence à peine à découvrir. Mais la plupart des scientifiquesn'affectionnent pas ce genre d'expériences, car ils détestent mettreen évidence des phénomènes qu'ils ne sont pas capables ensuited'expliquer. Il faut reconnaître que c'est frustrant, si l'on se met àleur place.» Moi qui suis maintenant au seuil de ma vie, je deviens convaincuque l'amour est la solution à la plupart des problèmes querencontrent les êtres humains dans leur vie. Cela peut sembler uneidée simple, convenue, et pourtant pratiquement personne ne la meten œuvre, car il est souvent difficile d'aimer. – Disons qu'il y a des gens qu'on n'a vraiment pas envie d'aimer. J'aimême l'impression parfois que certains font tout pour ne pas êtreaimés !– Certains sont méchants car ils ne s'aiment pas eux-mêmes. D'autressont pénibles parce qu'ils ont beaucoup souffert et veulent le fairepayer à la terre entière. Quelques-uns, parce qu'ils se sont fait avoirpar des gens et croient se protéger par une attitude ont été tellement déçus par les autres qu'ils ont refermé leurcœur en se disant qu'ils ne seraient plus déçus à l'avenir s'ilsn'attendaient plus rien des autres. D'autres sont égoïstes car ils sontpersuadés que tout le monde l'est, et ils croient alors qu'ils serontplus heureux s'ils passent avant les autres. Le point commun entretous ces gens est que, si vous les aimez, vous les surprenez, car ils nes'y attendent pas. La plupart, d'ailleurs, refuseront d'y croire audébut, tellement cela leur semble anormal. Mais si vous persévérezet le leur démontrez, par exemple dans des actes gratuits, cela peutbouleverser leur façon de voir le monde et, accessoirement, leursrelations avec vous.– Je veux bien l'admettre, mais ce n'est pas facile d'aller vers despersonnes comme ça en ayant des sentiments positifs à leur égard.– C'est plus facile si vous savez qu'un autre point commun entre tousces gens est qu'il y a néanmoins une intention positive derrièrechacun de leurs actes; Ils croient que ce qu'ils font est la meilleurechose à faire, voire la seule possible. C'est pour cela que, même si cequ'ils font est critiquable, ce qui motive leurs comportements estsouvent compréhensible.» Pour pouvoir aimer une telle personne, distinguez-la de ses que, malgré son attitude détestable, il y a quelque part, aufond d'elle, peut-être très enfoui et sans qu'elle le sache elle-même, quelque chose de bien. Si vous parvenez à percevoir ce quelquechose et que vous l'aimez, vous amènerez cette personne à entrer encontact avec cette petite part d'elle-même.» Vous savez, l'amour est la meilleure façon d'obtenir un changementchez l'autre. Si vous allez vers quelqu'un en lui reprochant ce qu'il afait, vous le poussez à camper sur sa position et à ne pas écouter vosarguments. Se sentant rejeté, il rejettera vos idées. Si, à l'inverse,vous allez vers lui en étant convaincu que, même si ce qu'il a fait oudit est désastreux, il est, au fond de lui, quelqu'un de bien et qu'ilavait une intention positive en le faisant, vous l'amenez à se détendreet à s'ouvrir à ce que vous voulez lui dire. C'est la seule façon de luioffrir une chance de changer.– Cela me rappelle un fait divers que j'ai entendu à la radio, il y aquelques années. Cela se passait en France. Une femme avait étésuivie jusqu'à son domicile par un violeur en série. Elle avait à peineouvert sa porte qu'il s'était précipité, s'enfermant avec elle dansl'appartement. Il était armé, et elle, n'ayant rien pour se défendre etne pouvant crier sous la menace de son arme, eut le réflexe de parleravec lui. Elle força la conversation, essayant en vain de le faires'exprimer. Elle raconta que cela l'avait un peu déstabilisé, car il nes'attendait pas à une telle attitude de la part de sa victime. Elle avaitcontinué de parler, faisant les questions et les réponses, cachant tantbien que mal la frayeur qui s'emparait d'elle. À un moment, endésespoir de cause, elle eut une intuition salutaire en lui disant Mais je ne comprends pas pourquoi vous faites des choses comme çaalors que, pourtant, vous êtes quelqu'un de bien. » Elle a dit par lasuite aux journalistes que son agresseur avait alors éclaté ensanglots, et lui avait raconté, en larmes, sa vie misérable, tandisqu'elle se forçait de l'écouter en continuant de masquer sa avait fini par obtenir qu'il s'en aille de lui-même. – Vous citez un cas extrême, mais il est vrai que les gens onttendance à se comporter selon la façon dont on les voit, à s'identifierà ce que l'on perçoit en eux. Il faut comprendre que chacun de nous ades qualités et des défauts; ce sur quoi l'on focalise son attention atendance à prendre de l'ampleur, à s'étendre. Si vous braquez lesprojecteurs sur les qualités d'une personne, même si elles sontinfimes, elles s'accentueront, se développeront jusqu'à devenirprépondérantes. D'où l'importance d'avoir dans votre entourage desgens qui croient en vous, en vos qualités et en vos capacités. 16.– Y a-t-il un autre aspect de ce projet qui vous retienne, ou pourlequel vous ne vous sentiez pas tout à fait en accord avec vous-mêmequand vous vous imaginez l'accomplir ?– Oui, il y a un dernier point.– Lequel ?– Dans mon rêve, je gagnais de l'argent, suffisamment en tout caspour pouvoir me payer une maison avec un jardin, et, en fait, je nesuis pas tout à fait à l'aise avec cette idée. Je ne suis pas sûr d'êtrefait pour gagner de l'argent, ni d'en avoir vraiment envie au fond demoi. Bref, il y a quelque chose qui me chagrine sur ce point.– Nous y voilà !– Pardon ?Je savais que tôt ou tard nous y viendrions. – Pourquoi ?– L'argent cristallise tous les fantasmes, toutes les projections, lespeurs, les haines, l'envie, la jalousie, les complexes d'infériorité, desupériorité, et bien d'autres choses encore. Cela aurait été trèsétonnant que l'on n'ait pas à l'aborder ensemble.– Je ne savais pas qu'un si petit mot cachait tant de choses !– Allons, dites-moi tout quel est votre souci concernant l'argent ?Il conservait son ton bienveillant, mais j'y percevais en plus unetouche d'amusement, comme s'il avait déjà tellement fait le tour dela question qu'il ne s'attendait nullement à être surpris par leproblème que je m'apprêtais à lui exposer, quel qu'il fût. – Disons que je suis un peu partagé sur ce sujet c'est comme si unepartie de moi avait envie de gagner de l'argent, et qu'une autre partiede moi n'en voulait pas, trouvait cela sale.– Donc la question est comment réconcilier ces deux parties de vous,n'est-ce pas ?– C'est amusant de le formuler ainsi, mais on peut le dire, en effet.– Alors, dites-moi, pour commencer, ce que veut cette partie de vousqui a envie de gagner de l'argent.– Je pense que l'argent pourrait m'offrir une certaine liberté j'ai lesentiment que plus on est riche, et moins on dépend des autres; parconséquent on devient libre de son temps, de ses activités, sans avoirde comptes à rendre.– Ce n'est pas complètement faux. Quoi d'autre ?– Eh bien, m'assurer un certain confort matériel. J'ai la faiblesse depenser qu'il est plus facile d'être heureux dans une belle maison, aucalme, que dans un sordide petit deux pièces orienté au nord dans unquartier bruyant et pollué.– Il n'y a pas de mal à rechercher un certain confort matériel, et il estvrai qu'il peut faciliter les choses. Pour être plus précis, le confortmatériel n'apporte pas le bonheur; en revanche, son absence peutparfois altérer, troubler le bonheur.– Ça me semble évident.– Cependant, j'insiste sur le fait que ce qui est matériel ne peut pasapporter de bonheur. Beaucoup de gens sont d'accord avec cetteidée, et parfois même l'affirment haut et fort, et pourtant, au fondd'eux, inconsciemment, ils croient quand même que cela les rendraitheureux. Ils vont alors dénoncer le comportement de ceux qui exhibent leurs richesses mais cette dénonciation sera en réalitéteintée de jalousie parce qu'une partie d'eux-mêmes les envie et lescroit plus heureux qu'eux. Cette croyance est très largementrépandue, y compris parmi ceux qui affirment le contraire.– Oui, c'est repensai à l'une de mes amies, qui critiquait si violemment lesriches et ceux qui ne pensent qu'au matériel que c'en était absence d'indifférence à leur égard témoignait sans doute d'unécho particulier que leur argent produisait en elle, et qui n'était peut-être pas anodin.– En fait, c'est cette croyance elle-même qui rend malheureux,puisqu'elle pousse les gens à une course sans fin on désire un objet,une voiture, un vêtement, ou n'importe quoi d'autre, et l'on se met àcroire que la possession de cet objet nous comblerait. On le convoite,on le veut, et finalement, si on en fait l'acquisition, on l'oublie trèsvite pour jeter son dévolu sur un autre qui, c'est sûr, nous comblera sion l'acquiert. Il n'y a pas de fin à cette quête. Les gens ne savent pasque s'ils roulaient en Ferrari, habitaient un appartementhollywoodien et voyageaient en jet privé, ils se convaincraient quec'est la possession du yacht qu'ils n'ont pas encore qui les rendraitheureux. Bien sûr, ceux qui sont loin de pouvoir rouler en Ferrari s'enoffusquent et se disent qu'ils se contenteraient d'être juste un peuplus riches qu'ils ne sont. Ils ne demandent pas un appartementhollywoodien, non, mais seulement un appartement un petit peuplus grand, et ils sont convaincus qu'ils s'en satisferaient et n'auraientensuite plus envie de rien. C'est là qu'ils se trompent quel que soit leniveau matériel auquel on aspire, on désire plus dès qu'on l'a vraiment une course sans fin. Ses paroles avaient un écho particulier en moi, car elles merappelaient les Noëls de mon enfance. J'étais tout excité enpréparant ma lettre au père Noël, avec la liste des jouets quej'espérais. Pendant des semaines j'y pensais, attendantimpatiemment le jour où je les posséderais enfin. Mon excitationatteignait son paroxysme le soir du réveillon mes yeux ne quittaientplus le sapin au pied duquel, j'imaginais déjà mon bonheur dulendemain. J'allais me coucher en percevant la nuit à venir comme,interminable, et c'est reconnaissant que je découvrais l'heure surmon réveil au petit matin. Le grand jour était enfin arrivé ! Lorsque jepoussais la porte du salon et découvrais les paquets-cadeauxmulticolores sous le sapin illuminé, j'étais empli d'une joie intense. Jedéballais tout, haletant d'excitation, puis passais le plus clair de lajournée à jouer avec ce que j'avais reçu, m'arrangeant toujours pourm'échapper de l'interminable repas familial, et laisser les adultes àleurs conversations ennuyeuses. Mais je me souviens que, le soirapprochant, le soleil déclinant à l'horizon, ma joie se tarissaitprogressivement. Mes nouveaux jouets ne généraient déjà plus enmoi le même élan de gaieté. J'en arrivais à envier mon excitation dela veille. J'aurais voulu la revivre. Je me rappelle m'être dit, uneannée, que mes rêves de jouets me rendaient finalement plusheureux que les jouets eux-mêmes. L'attente était plus jouissive queson fis part au sage, qui me dit en souriant – Le plus grand mensonge des parents à leurs enfants ne porte passur l'existence du père Noël, mais sur la promesse tacite que sescadeaux les rendront heureux. Je regardai les paysans dans la vallée et me demandai si leurstraditions les amenaient aussi, une fois par an, à tenter d'apporter dubonheur à leurs enfants en les couvrant de cadeaux matériels.– Vous m'avez fait part, reprit-il, des raisons qui motivent cette partiede vous désireuse de gagner de l'argent. Parlez-moi maintenant decette autre partie de vous qui rejette cette idée.– Je crois que l'argent en soi me répugne un peu. J'ai parfoisl'impression qu'il n'y a plus que ça qui compte en ce bas monde, quel'argent devient le centre des préoccupations des gens.– On assiste à une certaine dérive, en effet, et c'est dommage parceque l'argent est pourtant une belle invention.– Pourquoi dites-vous cela ?– On oublie souvent qu'à l'origine l'argent n'est rien d'autre qu'unmoyen pour faciliter les échanges entre les êtres humains échangesde biens, mais aussi échanges de compétences, de services, deconseils. Avant l'argent, il y avait le troc. Celui qui avait besoin dequelque chose était dans l'obligation de trouver quelqu'un qui soitintéressé par ce qu'il avait à offrir en échange. Pas facile ... Tandisque la création de l'argent a permis d'évaluer chaque bien, chaqueservice, et l'argent collecté par celui qui les a cédés lui offre ensuite lapossibilité d'acquérir librement d'autres biens et services. Il n'y aaucun mal à cela. D'une certaine manière, on pourrait même dire queplus l'argent circule, plus il y a d'échanges entre les êtres humains, etmieux c'est ...– Vu comme ça, c'est fabuleux !– C'est comme ça que cela devrait être. Mettre à la disposition desautres ce que l'on est capable de faire, le fruit de son travail, de sescompétences, et obtenir en échange de quoi acquérir ce que d'autres savent faire et pas soi. L'argent n'est d'ailleurs pas quelque chose quel'on devrait accumuler, mais que l'on devrait utiliser. Si l'on partaittous de ce principe, le chômage n'existerait pas, car il n'y a pas delimites aux services que les êtres humains peuvent se rendremutuellement. Il suffirait de favoriser la créativité des gens et de lesencourager à mettre en œuvre leurs projets.– Mais alors, pourquoi l'argent devient-il quelque chose de sale, denos jours ? '– Pour le comprendre, il faut d'abord saisir l'importance de deuxéléments comment on gagne de l'argent, et comment on ledépense. L'argent est sain s'il provient de la mise en œuvre de noscompétences, en donnant le meilleur de nous-mêmes. Il procurealors une réelle satisfaction à celui qui le gagne. Mais s'il est obtenuen abusant les autres, par exemple ses clients ou ses collaborateurs,alors cela génère ce que l'on pourrait appeler symboliquement uneénergie négative – les chamans l'appellent la Hucha » – et cetteHucha tire tout le monde vers le bas, pollue les esprits et, au final,rend malheureux le spolié comme le spoliateur. Ce dernier peutéprouver le sentiment d'avoir gagné quelque chose, mais il accumuleen lui cette Hucha qui l'empêchera de plus en plus d'être se lit sur le visage quand on vieillit, et ce, quelle que soit larichesse accumulée ... Tandis que celui qui gagne de l'argent endonnant le meilleur de lui-même et en respectant les autres peuts'enrichir en s' ne pouvais m'empêcher de penser au Portrait de Dorian Gray, cetincroyable roman d'Oscar Wilde qui dépeint µn homme malfaisant,dont chaque acte malveillant s'inscrit sur le visage d'un personnagepeint sur un tableau, le marquant de plus en plus jusqu'à ce qu'il endevienne hideux. – Vous disiez aussi que la façon dont on dépense l'argent estimportante ...– Oui, si l'on utilise l'argent gagné pour donner à d'autres lapossibilité d'exprimer leurs talents, leurs compétences, en faisantappel à leurs services, alors l'argent produit une énergie positive. Àl'inverse, si l'on se contente d'accumuler des biens matériels, alors lavie se vide de son sens. On se dessèche petit à petit. Regardez autourde vous les personnes qui ont passé leur vie à accumuler sans riendonner sont déconnectées des autres. Elles n'ont plus de vraiesrelations humaines. Elles ne sont plus capables de s'intéressersincèrement à une 'personne, ni d'aimer. Et, croyez-moi, quand on enarrive là, on n'est pas heureux !– C'est drôle, quand j'y pense je suis à l'autre bout du monde, jerencontre un maître spirituel, et c'est pour parler d'argent !– En fait, on ne parle pas vraiment d'argent.– Comment ça ?– On parle des limites que vous vous mettez dans la vie. L'argentn'est qu'une métaphore de vos balançai les jambes au-dessus du vide et contemplai cet immenseespace ouvert devant moi. Le léger souffle du vent chaud continuaitde taquiner mes narines avec ses senteurs aériennes et de murmurerses secrets à mes oreilles.– Finalement, peut-être que je gagne suffisamment d'argentaujourd'hui et qu'il ne m'est pas nécessaire d'en avoir plus. Mais,dites-moi, puisque vous êtes si à l'aise avec l'argent, comment se fait-il que vous ne soyez pas richissime ?Il sourit, avant de me répondre – Parce que je n'en ai pas besoin,– Alors pourquoi m'aidez-vous à être plus à l'aise avec l'argent ?– Parce qu'il faudra peut-être que vous parveniez à en gagner avantde pouvoir vous en détacher.– Et si j'étais justement déjà détaché ?Après un court silence, il me dit– Ce n'est pas un détachement, c'est un paroles résonnèrent en moi ; j'eus l'impression que l'écho de savoix se perpétuait en devais reconnaître qu'une fois de plus, il avait raison.– Dans la philosophie hindouiste, reprit-il, on considère que gagnerde l'argent est un objectif valable, et cela correspond à l'une desphases de l'existence. Il faut juste éviter de s'y enliser, et savoirensuite évoluer vers autre chose pour réussir sa vie.– Qu'est-ce qu'une vie réussie ? demandai-je un peu naïvement. .– Une vie réussie est une vie que l'on a menée conformément à sessouhaits, en agissant toujours en accord avec ses valeurs, en donnantle meilleur de soi-même dans ce que l'on fait, en restant en harmonieavec qui l'on est, et, si possible, une vie qui nous a donné l'occasionde nous dépasser, de nous consacrer à autre chose qu'à nous-mêmeset d'apporter quelque chose à l'humanité, même très humblement,même si c'est infime. Une petite plume d'oiseau confiée au vent. Unsourire pour les autres.– Cela suppose que l'on connaisse ses souhaits.– Oui. – Et comment peut-on savoir si l'on agit en accord avec ses valeurs ?– En étant à l'affût de ce que l'on ressent si ce que vous faites nerespecte pas vos valeurs, vous éprouverez une certaine gêne, unléger malaise, ou un sentiment de culpabilité. C'est un signe qui doitvous amener à vous demander si vos actions ne sont pas encontradiction avec ce qui est important pour vous. Vous pouvez aussivous demander, à la fin d'une journée, si vous êtes fier de ce quevous avez accompli, même s'il s'agit d'actes secondaires. C'est trèsimportant on ne peut pas évoluer en tant qu'être humain, ni mêmesimplement rester en bonne santé, quand on mène des actions quiviolent nos valeurs.– C'est amusant que vous fassiez un lien avec la santé, car je mesouviens que, lorsque j'étais étudiant, j'avais fait un job d'été en tantque télé-conseiller pour une compagnie d'assurances. Je devaisappeler des gens pour leur conseiller de souscrire une certaineassurance. La compagnie savait que les trois quarts des personnesque l'on contactait bénéficiaient déjà, sans le savoir, de cetteassurance parmi les services inclus dans leur carte bancaire. Mais ilne fallait surtout pas l'évoquer, et nous devions proposer à tout lemonde cette assurance. Cet été-là, j'ai eu, pour la première fois dema vie, une crise d'eczéma carabinée. Le médecin n'a jamais pu enidentifier la cause, et les traitements prescrits n'ont rien changé; jeles ai abandonnés. L'eczéma a continué de se développer, et j'ai finipar arrêter ce travail car j'avais honte de me présenter au bureaudans cet état. Huit jours plus tard, tout avait disparu.– On ne peut évidemment pas en être sûr, mais c'était peut-être unmessage de votre corps pour vous signaler que vous agissiez encontradiction avec vos valeurs de respect de l'autre, de confiance etd'honnêteté. – Il est vrai que ce sont des valeurs fondamentales pour moi.– J'en suis convaincu.– Vous disiez aussi qu'il faut donner le meilleur de soi-même dans ceque l'on fait ?– Oui, c'est l'une des clés du bonheur. Vous savez, l'être humain secomplaît dans le laisser-aller, mais s'épanouit dans l'exigence de vraiment en étant concentré sur ce que l'on fait pour réussir lamise en œuvre de nos compétences, et en relevant chaque fois denouveaux défis, que l'on se sent heureux. C'est vrai pour tout lemonde, quels que soient notre métier ou le niveau de noscompétences. Et notre bonheur est accru si notre travail apportequelque chose aux autres, même indirectement, même de cet instant précis, ma mémoire me transporta quatre années enarrière. J'étais au Maroc, à Marrakech. Je me baladais sur la placeDjemaa el-Fna, en fin de journée. La nuit tombée plongeait la placedans une atmosphère envoûtante. De nombreuses gargotes faisaientcrépiter leurs feux de bois sur lesquels grillaient des viandes. Lesflammes projetaient leur lueur sur la foule des passants, illuminantfugacement les visages et faisant danser les ombres des merguez grillées rivalisait avec celle du couscous marchands à la sauvette étaient partout. Certains offraient desarticles de cuir à peine sortis des ateliers de tannerie avoisinants, quidiffusaient encore leur odeur acide et agressive. D'autres exhibaientde grands plateaux de cuivre gravé qui réfléchissaient la lumière desfeux, faisant jaillir des éclairs d'or sur les visages, les turbans et lesdjellabas. Les éclats de voix se mêlaient aux sons obsédants destambourins et aux mélodies des flûtes des charmeurs de serpents. Jemarchais, les yeux écarquillés, envoûté par cette atmosphère incroyable, les sens saturés de parfums, d'images, de sons, lorsque jefus interpellé par un petit homme d'une cinquantaine d'années,mince, tout en sourire, le visage déjà buriné par le soleil du Sud. Ilétait assis sur une caisse posée directement sur la terre battue,encadré par une gargote fumante et un marchand de poteries. Je luisouris en retour et regardai la chaise qu'il me désignait pour que jem'y asseye. C'est alors que je compris quel était son métier. Cireur dechaussures. Mon sourire se figea et je me raidis ne m'étais jamais senti à l'aise en considérant les métiers quiamènent ceux qui les exercent à effectuer des tâches ingrates. Cireurde chaussures était peut-être celui que j'acceptais le plusdifficilement, car l'artisan opérait en présence de son client, devantlui, sur lui. Même les postures respectives de chacun me gênaient leclient assis sur une chaise haute, dominant la situation; le cireur au-dessous, accroupi, assis, ou un genou à terre. Jamais je n'avais faitappel à ce genre de renouvela son invitation et insista gentiment, m'offranttoujours son sourire rayonnant. L'Occidental que j'étais représentaitsans doute; pour lui, le client idéal. Mais mon statut d'étrangeraccentuait précisément mon malaise je ne voulais pas offrir à sescompatriotes la vue d'un Occidental se faisant cirer les chaussurespar l'un des leurs, dans une position que je trouvais arrogante. Unmauvais cliché colonialiste. Je ne sus s'il perçut mon malaise oul'interpréta comme une hésitation. Peut-être simplement monabsence d'indifférence à sa proposition lui donna-t-elle l'espoir de meconvaincre. Il se leva, toujours souriant, et s'approcha de moi. Jen'eus pas le temps d'exprimer un refus il était déjà sur moi,auscultant mes chaussures défraîchies tout en formulant sondiagnostic et la promesse de leur rendre leur jeunesse. Ma difficulté àm'opposer aux sollicitations des autres explique sans doute pourquoi je me retrouvai, malgré moi, assis sur cette chaise que je considéraisun instant plus tôt avec répugnance. Je n'osais regarder le mondeautour de moi de peur de rencontrer des regards culpabilisants. Luis'affairait déjà sur mes chaussures. Saisissant un demi-citron, il enfrotta énergiquement le cuir défraîchi. Dans l'état où j'étais, plus rienne devait m'étonner. Je crois que s'il avait écrasé une banane sur messouliers, je n'en aurais pas été plus surpris. Il travaillait avecapplication et enthousiasme. Sûr de lui, il maîtrisait son geste,alternant le citron et divers types de brosses. Au loin, la flûte descharmeurs de serpents perpétuait sa complainte sans commençais à me déraidir un peu. Nous échangeâmes quelquesphrases, mais il restait très concentré sur ce qu'il faisait, arboranttoujours son sourire ineffable. Il appliqua une sorte de crèmenoirâtre avec un vieux chiffon, massant le cuir pour la faire entreprit ensuite de le lustrer avec une petite brosse agile, et, àmesure que mes chaussures reprenaient vie, son sourire s'élargissait,découvrant des dents éclatantes dont la blancheur contrastait avecsa peau brune. Lorsque mes chaussures devinrent aussi lisses etbrillantes qu'au premier jour, ses yeux pétillèrent de fierté. J'avaiscomplètement oublié ma gêne initiale. Sa joie était contagieuse, et jeme sentis soudain très proche de cet homme que je ne connaissaispas quinze minutes auparavant. Je ressentais un véritable élan desympathie pour lui, comme une onde d'amitié. Il me demanda un prixhonnête que je réglai de bonne grâce, et, dans l'enthousiasme dumoment, il insista pour m'offrir du thé à la menthe dans une petitetasse métallique, partageant ainsi sa joie en prolongeant la pris soudainement conscience de ce qui m'apparut alors commeune évidence, une douloureuse évidence cet homme était plusheureux que moi, qui disposais d'un métier valorisant et qui, malgrémes faibles moyens, étais sans doute mille fois plus riche que lui. Cet homme respirait le bonheur par tous les pores de sa peau, et cebonheur rayonnait autour de seul souvenir de cette scène vécue quatre ans plus tôt, j'avais lesyeux humides.– Pourquoi avez-vous parlé de l'utilité d'avoir des défis à relever pourse sentir heureux en mettant en œuvre nos compétences ? luidemandai-je.– Parce que le défi stimule notre concentration, et que c'est lui quinous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes• dans ce que nousfaisons, et à en tirer ensuite une réelle satisfaction. C'est unecondition pour nous épanouir dans nos actions.– Vous disiez aussi qu'une vie est réussie quand on réalise des chosesen harmonie avec qui l'on est. Mais comment fait-on pour savoir sic'est bien le cas ?– Imaginez que vous allez mourir ce soir, et que vous le savez depuisune semaine. De tout ce que vous avez fait dans la semaine, qu'est-ceque vous auriez conservé, sachant que vous alliez mourir ?– Ouh là ! Ça c'est une question !– Oui.– Disons que cette dernière semaine était un peu particulière,compte tenu de notre rencontre. Il n'y a pas grand-chose que jechangerais.– Alors, prenez la semaine qui a précédé votre voyage à Bali.– Eh bien ... disons ... euh ... voyons .... J'essayai de me repassermentalement le film de la semaine en question. Je m'efforçai devisualiser heure par heure ce que j'avais fait, et, pour chacune de mes actions, je me demandai si je l'aurais vraiment réalisée sachant quej'allais mourir à la fin de la semaine. Il me fallut plusieurs minutespour lui répondre – Il y a environ 30 % de mes actions que j'aurais conservées, grossomodo.– Vous êtes en train de me dire que vous auriez renoncé à faire 70 %de ce que vous avez fait, si vous aviez su que vous alliez mourir ?– Ben, oui.– C'est trop, beaucoup trop. Il est normal d'accomplir certainestâches vides de sens, mais pas dans de telles proportions. En fait,vous devriez pouvoir inverser ce rapport être capable d'affirmerque, sachant votre mort prochaine, vous continueriez d'effectuer 70% de ce que vous faites habituellement. Ce serait un signe que vosactions sont en harmonie avec qui vous êtes.– Je vois.– Et vous remarquerez que c'est sans rapport avec la difficulté destâches, mais simplement avec le sens qu'elles ont pour vous.– Très bien, je suis d'accord avec tout ça dans l'absolu, mais enpratique ce n'est pas toujours possible de faire ce que l'on souhaitefaire.– On a toujours le choix.– Non, si je ne faisais que ce qui est en accord avec moi-même, jerisquerais de perdre mon boulot ...– Vous avez donc le choix de garder ou de perdre cet emploi.– Mais je prendrais dans ce cas le risque d'en trouver un autre moinsbien rémunéré. Je ne pourrais plus payer mon loyer ! – Vous auriez alors le choix de conserver cet appartement ou d'enprendre un moins cher, peut-être plus éloigné de votre travail.– Ma famille et mes amis seraient déçus si je m'éloignais.– Alors, vous auriez le choix de les satisfaire ou de les décevoir.– Vu comme ça ...– C'est juste pour vous dire que le choix vous appartient. À certainsmoments, dans la vie, on n'a pas forcément beaucoup de choix, etceux-ci sont peut-être douloureux, mais ils existent et, au final, c'estvous qui déterminez ce que vous vivez vous avez toujours le choix, etc'est bien de garder à l'esprit cette idée.– J'ai parfois l'impression que ce sont les autres qui choisissent pourmoi.– Alors, c'est que vous choisissez de les laisser décider pour vous.– Je trouve quand même qu'il y a des gens qui disposent de plus dechoix que d'autres.– Plus on évolue dans sa vie, plus on se débarrasse des croyances quinous limitent, et plus on a de choix. Et le choix, c'est la regardai cet immense espace devant moi, cet espace vertigineuxque rien n'arrêtait, et je me mis à rêver de liberté, le regard perdu àl'horizon, inspirant profondément cet air enivrant au parfum d'infini.– Vous savez, reprit-il, on ne peut pas être heureux si l'on se voitvictime des événements ou des autres. Il est important decomprendre que c'est toujours vous qui décidez de votre vie, quellequ'elle soit. Même si vous êtes le dernier des subalternes sur votrelieu de travail, c'est vous qui êtes le directeur de votre vie. C'est vousqui êtes aux commandes. Vous êtes le maître de votre destin. – Oui.– Et vous ne devez pas avoir peur vous découvrirez que c'estprécisément lorsque vous vous autorisez à choisir des actions quisont en harmonie avec vous, qui respectent vos valeurs et exprimentvos compétences, que vous devenez très précieux pour les portes s'ouvrent alors d'elles mêmes. Tout devient plus facile, etl'on n'a plus besoin de lutter pour restâmes silencieux un long moment. Puis il se leva, et jerompis le silence.– Je me suis renseigné pour mon billet d' ne peux pas le changer sans payer un surcoût élevé. Vous aviezprévu de me dire aujourd'hui s'il me restait des choses importantes àdécouvrir nécessitant que l'on se voie demain.– Je pense qu'il vous reste, en effet, un apprentissage majeur.– Et demain, vous n'êtes toujours pas disponible le matin ?– Non.– Excusez-moi d'insister, mais vous ne pouvez absolument pas vouslibérer pour me permettre de conserver mon avion l'après-midi ?– n'était vraiment pas de chance. J'étais devant un choix cornéliendevais-je renoncer à la dernière de ces rencontres qui, pourtant, mepassionnaient et m'éveillaient à moi-même, ou payer un prixscandaleusement élevé pour déplacer mon retour ?– Qu'est-ce que vous feriez à ma place ? Vous changeriez de vol ? – C'est à vous de choisir, dit-il, un sourire satisfait sur les lèvres,plongeant son regard plein de bonté dans mes yeux se reflétait dans ses s'éloigna en direction du campan, de son pas lent et serein, et je leperdis de vue lorsqu'il entra dans le taillis de cents dollars ! Cela revenait presque à payer une deuxième foismon billet de retour ! Difficile à accepter... Cela plomberait moncompte bancaire en accentuant le découvert vertigineux qu'il devaitdéjà afficher. Mes relations avec mon banquier s'en trouveraientaffectées pour un certain temps ... Sans compter que prendre l'aviondimanche m'assurait d'arriver fatigué à la maison, quelques heures àpeine avant de reprendre le travail. Perspective peu réjouissante. Enmême temps, ce n'était pas tous les jours que l'on avait l'occasion derencontrer un homme comme maître Samtyang. Mais bon, ça faisaitcher l'entretien ! Vraiment, je ne savais plus quoi faire. Chaqueoption me semblait douloureuse, et je ne parvenais pas à au volant et j'approchais d'Ubud. Il me fallait tranchermaintenant, car, pour changer mon billet, je devais arriver à l'agencede voyages de Kuta avant sa fermeture. J'approchais de l'endroit oùje devrais choisir ma de peser le pour et le contre. En à perdre et à gagner dans les deux situations. Choiximpossible. Les décisions n'avaient jamais été mon fort ! Je n'allaisquand même pas tirer à pile ou145 face, ce ne serait pas très glorieux après cinq jours dedéveloppement personnel, je devais être capable de décider en touteconscience ! Ma conscience finit par me dire que je me remettrais d'une rentréesur les chapeaux de roues et que je trouverais bien le moyen decombler un jour mon découvert. Dans six mois ou un an, j'auraismême oublié ce passage à vide. Tandis que je pourrais sans douteretirer pendant longtemps des bénéfices personnels de ce que leguérisseur allait m'apprendre, peut-être même toute ma vie. J'arrivaiau carrefour et pris plein sud, direction Kuta. Comme disait OscarWilde, les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais !Je me souvenais du commentaire du Premier ministre du Mexique àl'époque où son pays accumulait des dettes abyssales. Un journalistelui avait demandé si cela troublait son sommeil. Il avait réponduqu'un découvert de mille dollars vous empêchait de dormir la nuit,tandis que, pour un découvert de cent milliards de dollars, c'étaitvotre banquier qui dormait mal. J'en conclus que mes dettes étaientsans doute encore très me fallut près d'une heure pour rejoindre n'aimais pas ce lieu. Pour moi, Kuta n'était pas Bali. C'est là quel'on trouvait la plus forte concentration de touristes, notamment dessurfeurs australiens. La nuit, la ville se transformait en boîte de nuitgéante. Il était impossible de faire trois pas dans la rue sans êtreaccosté par un Javanais vous proposant de la drogue ou uneprostituée. Au choix. Dans les années soixante-dix, Kuta faisait partiedu pèlerinage incontournable des hippies au sein de la boucle destrois K Kuta, Katmandou, Kaboul. En 2002, Kuta, symbole de ladépravation de l'Occident, fut choisie par Al-Qaida pour y perpétrerl'un de ses attentats les plus trajet dura plus longtemps que prévu, et j'arrivai sur place en find'après-midi. L'agence de voyages fermait ses portes dans dixminutes. Je pris à vive allure l'étroite rue en sens unique où elle se trouvait. Par miracle, je repérai une place de stationnement justedevant. Arrivé à sa hauteur, je la dépassai afin de pouvoir m'yengager à reculons. Je m'aperçus alors que la voiture qui me suivaitne s'était pas arrêtée, bien que mon intention de me garer fût claire non seulement j'avais mis mon clignotant à l'avance, mais, en plus,j'avais marqué une légère embardée devant la place, montrant ainsique je comptais m'y garer. Non, il m'avait quand même suivi,m'empêchant de reculer. Je conservai un instant ma position en biaiset mon clignotant enclenché afin de lui faire comprendre mamanœuvre, mais rien n'y fit il ne reculait pas. Je baissai ma vitre,passai la tête et lui demandai de faire une petite marche arrière pourque je puisse me garer. Aucune autre voiture ne le suivant, c'étaitfacile. Il était clair qu'il me comprenait, surtout que j'accompagnaismes mots de gestes explicites. En vain. De type occidental, lacinquantaine avancée, il avait le visage rouge cramoisi, symptômecommun aux blonds abusant du soleil et aux alcooliques. Dans soncas, j'optais volontiers pour la seconde explication. Il avait l'air butéde ceux qui ne disposent d'aucune souplesse d'esprit et ne veulentjamais rien lâcher. Une incroyable force d'inertie se dégageait de saposture. Il semblait aussi lourd que sa voiture, ancré dans le sol. Jerenouvelai mes gestes et mes paroles. Rien. Visage obtus, épaulesverrouillées, bras figés, grosses mains crispées sur le volant tout soncorps exprimait sa volonté de ne pas céder. Car céder étaitmanifestement le sens qu'il donnait au fait de reculer de deuxmètres. Cela m'apparut comme une évidence dans sa vie, sa relationaux autres devait être régie par des rapports de force, et sans doutedevait-il croire que répondre à la demande de quelqu'un revenait àcéder du terrain, à faire preuve de faiblesse.• Mais oui, c'était ça ! Ildevait avoir une croyance du type• Dans la vie, il ne faut pas selaisser faire, ne jamais rien céder. » Dans d'autres circonstances,j'aurais trouvé cela très drôle – même si son entourage à lui ne devait pas rigoler tous les jours. Mais l'agence de voyages fermait dans cinqminutes. Je n'avais pas le choix, il fallait que je prenne cette place,pas le temps d'en chercher une autre. Les paroles du sage merevinrent alors en écho on a toujours le choix. Je me dis subitementque je pouvais combattre la force d'inertie par la force d'inertie. Jecoupai le contact, mis le frein à main et abandonnai ma voiture enplein milieu de la chaussée, bloquant la rue. Je me ruai dans l'agenceet tendis mon billet à l'employée qui avait déjà commencé à éteindreles lumières. Le clavier de son ordinateur crépita, bientôt couvert parun klaxon en continu. Je présentai ma carte bancaire, un peu anxieux,en priant pour que le règlement ne soit pas refusé par le centre depaiement. L'opération dura un certain temps, ce qui me parut demauvais augure, mais, en fin de compte, j'appris que le système avaitaccepté que je m'appauvrisse un peu portefeuille ainsi allégé, un nouveau billet d'avion en poche, jeretournai à ma voiture. Le conducteur était fou de rage. Sa mainécrasait son klaxon en continu, et il ne la retira que pour me faireentendre un torrent d'insultes. Je lui adressai mon plus beau sourire,ce qui n'eut d'autre effet que de faire redoubler sa colère ; Jedémarrai, suivi de tellement près que j'avais l'impression qu'il allaitme pousser. C'était vraiment ridicule. Je compris alors pleinementcette notion de choix abordée par le guérisseur. Ce qui était frappant,chez ce conducteur, c'était l'absence de choix de comportements quelui dictait sa personnalité. Il ne pouvait ni reculer, ni négocier, nipatienter. Il ne pouvait que passer en force. Cet homme n'était paslibre. Il était, au contraire, en prise avec ses croyances. C'étaitflagrant. Quinze jours auparavant, je me serais simplement dit Quel con ! » Aujourd'hui, je percevais que l'intelligence n'avait sansdoute rien à voir avec son attitude aberrante. Je m'étonnais tout seul de ma compréhension de comportementsque j'avais jusqu'à présent l'habitude de rejeter avec, sans doute, unecertaine intolérance. Porté par cette compréhension et unecompassion nouvelles, cela me donnait l'envie d'observer etd'écouter plus les gens, et d'essayer de découvrir les croyancespouvant être à l'origine de leurs me rendis sur le bord de mer et m'attablai à la terrasse d'un beaucafé-glacier. J'ai toujours eu pour habitude de dépenser pour meconsoler de mes ennuis commandai un cocktail chocolat-avocat, mariage surprenant maisabsolument délicieux, et m'installai confortablement dans un fauteuilen teck, face à la mer. Le vent avait dû souffler fort car les vaguesétaient particulièrement hautes. Le soleil de fin de journée inondaitle rivage de sa chaude lumière orangée, si flatteuse pour les maisonscomme pour les visages. La plage jouait les vases communicants avecla terrasse de mon café, qui s'animait progressivement. C'était bond'être seul sans l'être vraiment, de profiter de l'ambiance naissantesans devoir contribuer à sa la table voisine, deux jeunes gens assez délicate et plutôt jolie, les cheveux châtains et les yeuxbleus, un air un peu boudeur; lui, sans doute pas très grand maisassez costaud, la nuque épaisse et les cheveux bruns coupés ras,qu'elle appelait Dick. Elle lui racontait le spectacle d'ombres chinoisesauquel elle avait assisté la veille au soir et qui l'avait visiblementfascinée. Il l'écoutait avec attention, même s'il me semblait clair quequelques ombres, si artistiques fussent-elles, n'auraient pas suffi àl'émouvoir. Peut-être était-il néanmoins touché par la sensibilitéqu'elle exprimait. Je sentais qu'ils n'étaient pas en couple, maisqu'elle éprouvait à son égard des sentiments qu'elle n'avait sans doute pas encore dévoilés. Il la prénommait Doris, et j'étais incapablede dire ce qu'iJ ressentait pour elle. Dick faisait partie de ces hommestellement virils que l'on ne sait pas si les émotions et les sentimentsfont partie de leur équipement d’origine. Je m'amusais à l'imagineren homme des cavernes traînant sa compagne par les cheveux pourl'emmener dans son une table jouxtant-la leur, un surfeur adolescent, mi-boutonneux,mi-frimeur, sirotait un whisky Coca. Il regardait Doris avec attention,mais j'avais le sentiment que n'importe quelle autre fille auraitsuscité chez lui le même intérêt. Lui et moi avions un point commun aucun mot de la conversation d'à côté ne nous bout d'un bon quart d'heure, Dick et Doris furent rejoints par unefille de leur âge; accompagnée par quelqu'un qu'ils ne connaissaientapparemment pas.– Salut Kate ! lança Dick.– Salut Dick, salut sentis immédiatement Doris se renfermer de façon semblait contrariée. Il était clair qu'elle ne l'aimait l'une pour l'autre ?Brune, à l'allure provocante, Kate était plus sexy que véritablementbelle. Des talons plutôt hauts pour un bord de plage, une minijupe etles seins au balcon. Elle n'avait pas beaucoup de poitrine, mais saintWonderbra était passé par là, et l'effet obtenu était à la table voisine, le surfeur adolescent ne quittait plus desyeux son décolleté. Elle parlait en souriant, travaillant l'attitude hypercool de la fille bien dans sa peau, bien dans son corps. Lhomme qui voulait être heureux il a été écrit par quelqu'un qui est connu comme un auteur et a écrit beaucoup de livres intéressants avec une grande narration. L'homme qui voulait être heureux c'était l'un des livres populaires. Ce livre a été très surpris par sa note maximale et a obtenu les meilleurs avis des utilisateurs.